A Hypothesis Of A Door

A participatory project, exhibition and radio programme

A project in collaboration with Suleiman Zaroug

Imaginons une porte. Devant la porte, imaginons un seuil. On y est. On s'attarde sur le seuil pour un court moment. On pousse la porte. On passe de l'autre côté et l’on se retrouve dans le même décor. Imaginons. Les deux côtés de la porte sont identiques, on entre pour se retrouver dehors, on franchit le seuil et l’on doit le franchir à nouveau.

 

Imaginons une porte au milieu de l'espace, une porte qui ne doit percer aucune matière dure, qui n'est pas calée dans un mur. On peut l'ouvrir, la fermer, on peut y frapper doucement ou la pousser violemment, y pénétrer ou la laisser ouverte, béante. On peut hésiter un moment, main sur la poignée. Imaginons que des deux côtés l'espace soit continu - la porte est la seule indication que cet espace est divisé. Elle semble arbitraire. On ne sait qui l'a placée là.

 

Imaginons enfin qu'il y a des gens des deux côtés. Imaginons que certains, éventuellement toutes et tous, passent de l'autre côté de la porte. Comme l'espace est identique et continu, on ne sait pas s'ils entrent ou s’ils sortent, si l'un arrive chez l'autre ou rentre chez lui, qui est l'invité et qui est l'hôte.

Notre projet pour la CENTRALE.lab s'inspire de cette porte imaginaire. Comme elle, il est un appareil qui renverse les rapports de force entre hôte et invité, dans le but de les annuler.

Depuis bientôt 20 ans, le jour où nous avons quitté notre pays natal et sommes devenus des immigrés – des invités que personne n'a convié - ces relations complexes nous préoccupent et sont récurrentes dans nos projets.

Le dispositif permettant le « renversement » parait simple au premier abord, d’autant qu'il maintient une logique binaire présupposant une opposition (invite <---> hôte). Cependant une fois mis en marche il s'avère plus complexe, car il ne s'agit pas d’un jeu de rôles où l'un prend l'identité de l'autre. Il s'agit de garder chacun son identité, son histoire, ses particularités, en changeant uniquement sa position vis-à-vis de l'autre.

Ainsi les termes de ce rapport de forces se voient déplacés, et par voie de conséquence, complexifiés. Ni l'un ni l'autre n’est uniquement l’hôte, ni l'un ni l'autre n’est uniquement l’invité.

Dans l'espace de la CENTRALE.lab, divisé sur deux étages, nous proposons à un groupe de personnes - de nouveaux arrivants, des invités que personne n'a conviés – d’occuper le lieu, d’en être l’hôte.

Pour devenir hôtes, ces invités décident de la finalité du lieu, de son aménagement, de son fonctionnement. Depuis cet espace réapproprié, ils accueillent à leur tour des invité.e.s, tant parmi les visiteurs de « l’exposition » que parmi des personnes de leur choix. Ils rencontrent ainsi les « Bruxellois.e.s » dans un nouvel agencement.



A project in collaboration with Suleiman Zaroug

Imaginons une porte. Devant la porte, imaginons un seuil. On y est. On s'attarde sur le seuil pour un court moment. On pousse la porte. On passe de l'autre côté et l’on se retrouve dans le même décor. Imaginons. Les deux côtés de la porte sont identiques, on entre pour se retrouver dehors, on franchit le seuil et l’on doit le franchir à nouveau.

 

Imaginons une porte au milieu de l'espace, une porte qui ne doit percer aucune matière dure, qui n'est pas calée dans un mur. On peut l'ouvrir, la fermer, on peut y frapper doucement ou la pousser violemment, y pénétrer ou la laisser ouverte, béante. On peut hésiter un moment, main sur la poignée. Imaginons que des deux côtés l'espace soit continu - la porte est la seule indication que cet espace est divisé. Elle semble arbitraire. On ne sait qui l'a placée là.

 

Imaginons enfin qu'il y a des gens des deux côtés. Imaginons que certains, éventuellement toutes et tous, passent de l'autre côté de la porte. Comme l'espace est identique et continu, on ne sait pas s'ils entrent ou s’ils sortent, si l'un arrive chez l'autre ou rentre chez lui, qui est l'invité et qui est l'hôte.

Notre projet pour la CENTRALE.lab s'inspire de cette porte imaginaire. Comme elle, il est un appareil qui renverse les rapports de force entre hôte et invité, dans le but de les annuler.

Depuis bientôt 20 ans, le jour où nous avons quitté notre pays natal et sommes devenus des immigrés – des invités que personne n'a convié - ces relations complexes nous préoccupent et sont récurrentes dans nos projets.

Le dispositif permettant le « renversement » parait simple au premier abord, d’autant qu'il maintient une logique binaire présupposant une opposition (invite <---> hôte). Cependant une fois mis en marche il s'avère plus complexe, car il ne s'agit pas d’un jeu de rôles où l'un prend l'identité de l'autre. Il s'agit de garder chacun son identité, son histoire, ses particularités, en changeant uniquement sa position vis-à-vis de l'autre.

Ainsi les termes de ce rapport de forces se voient déplacés, et par voie de conséquence, complexifiés. Ni l'un ni l'autre n’est uniquement l’hôte, ni l'un ni l'autre n’est uniquement l’invité.

Dans l'espace de la CENTRALE.lab, divisé sur deux étages, nous proposons à un groupe de personnes - de nouveaux arrivants, des invités que personne n'a conviés – d’occuper le lieu, d’en être l’hôte.

Pour devenir hôtes, ces invités décident de la finalité du lieu, de son aménagement, de son fonctionnement. Depuis cet espace réapproprié, ils accueillent à leur tour des invité.e.s, tant parmi les visiteurs de « l’exposition » que parmi des personnes de leur choix. Ils rencontrent ainsi les « Bruxellois.e.s » dans un nouvel agencement.